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de son côté 11, prétend que, « avant le VIIIe siècle, on ne mettait pas en doute cette légende dans toute la chrétienté ; elle se rattachait aux traditions de l’an mil, etc. ». Ce sont là des assertions sans le moindre fondement. Il n’y a aucune trace de la légende, nous l’avons déjà dit, ni en Orient ni en Occident, avant Philippe Mousket et Matthieu Paris ; il n’y en a aucune mention entre Matthieu Paris et l’auteur de la lettre résumée ci-dessus. Cet auteur était visiblement protestant, et toute sa mise en scène est protestante. Il s’appuie sur un des docteurs de l’église luthérienne ; il appelle toujours le Seigneur Christ et non Jésus-Christ ; il fait assister son héros au prêche dans l’église luthérienne à Hambourg ; enfin, ce qui est décisif, il lui donne le nom d’Ahasvérus, qui appartient exclusivement aux bibles protestantes, la Vulgate et les traductions catholiques donnant Assuérus. Il n’est même pas impossible que le désir d’opposer à la « tradition » dont se vantaient les catholiques un témoignage bien plus authentique, celui d’un contemporain même du Christ, ait été l’un des motifs de la composition de ce récit. Un autre a certainement été de convaincre les Juifs, très nombreux alors dans le nord de l’Allemagne, par la déclaration d’un des leurs. Le nouvelliste réussit au