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un sexagénaire qu’on aurait attribué l’aventure du Venusberg ? Je crois bien plutôt que le nom du pape Urbain est venu d’Italie avec la légende elle-même[1], et que par un motif quelconque, peut-être simplement pour remplir un vers, on l’a spécifié « quatrième[2] ».

Le nom du Venusberg est propre aussi à la légende allemande, mais il n’y a pas de raison de croire qu’il appartient à une ancienne tradition. On ne le rencontre pas en Allemagne antérieurement à la légende du Tannhäuser elle-même, et il paraît être simplement le produit d’une substitution du nom de Vénus à celui de la Sibylle, moins connu[3]. On a dit, il est vrai, que Vénus n’était ici que le prête-nom d’une vieille divinité nationale, Holda ou Berchta ; mais il est aujourd’hui démontré que Holda et Berchta ne sont pas

  1. Antoine de la Sale hésite entre Urbain VI et Urbain VII.
  2. On a cependant fait remarquer qu’Urbain IV, Français de naissance, avait été un adversaire passionné des Staufen et avait pu laisser une mauvaise réputation en Allemagne.
  3. Il y a peut-être une trace curieuse de la pénétration en Allemagne de la tradition italienne sous sa vraie forme dans ce même poème de la Guerre de la Wartburg dont Wagner devait mêler le thème à l’histoire du Tannhäuser. On y parle de Félicia, fille de Sibylle, qui, avec Junon ( !) et Arthur, vit dans une montagne. Cette Sibylle, mère de la Félicité, et son empire souterrain doivent provenir de la légende italienne. Or cette allusion remonte au XIIIe siècle.