Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

son allure elliptique, son dialogue passionné, son mélange d’ardent paganisme et de mysticisme chrétien, divers éléments à distinguer. D’abord le fond de la légende : un mortel entre dans le royaume d’une déesse, s’arrache aux délices qui l’y enchaînent, revient à la région des humains et finit par retourner auprès de celle qu’il avait quittée ; – puis la couleur religieuse donnée à son aventure, à son départ et à son retour ; – la doctrine d’après laquelle il n’y a pas de si grand péché dont le repentir n’obtienne le pardon ; – enfin le symbole par lequel s’exprime cette pensée : – ces éléments appartiennent soit au folklore de presque tous les peuples, soit aux conceptions les plus chères des peuples du moyen âge catholique ; – il y a enfin un élément spécialement allemand, qui se marque uniquement par le nom du héros et par celui du Venusberg.

Il a existé au XIIIe siècle un Minnesinger appelé le Tannhäuser, dont les chansons, écrites souvent d’un style bizarre et pédantesque, offrent un singulier mélange de joie de vivre et de piété, de licence et de repentir. Est-ce à cause de cela qu’on en a fait le héros de notre légende ? On ne lisait plus guère au XVe siècle les poésies des Minnesinger, et rien d’ailleurs dans celles du Tannhäuser ne suggérait l’idée d’une aussi fantastique