ait tenu presque aucun compte de ce parallélisme. Il soulève des questions que j’essaierai de traiter dans une autre étude. Je n’ai pas voulu les mêler à l’exposé de la légende italienne telle que la font connaître les témoignages d’Andrea da Barberino, d’Antoine de la Sale et de fra Leandro Alberti. Ces témoignages nous prouvent que dès le XIVe siècle au moins on croyait que la Sibylle habitait l’intérieur de la montagne qui porte son nom, et qu’elle y régnait sur un « paradis » souterrain, où l’on pouvait pénétrer, mais d’où l’on avait grand-peine à sortir, et où l’on rentrait parfois, malgré l’énormité du péché, tant étaient grandes les voluptés dont on y avait joui. C’est un mythe qui se retrouve ailleurs avec d’innombrables variantes, une des formes que la pauvre humanité a données à son éternel rêve de bonheur. À ce titre, il est intéressant même pour le philosophe ; Wagner l’a compris à sa façon, et, s’en emparant, lui a donné, selon son habitude, une signification et une portée nouvelles.
Notre voyageur du XVe siècle n’y entendait pas tant de mystère : il nous a simplement redit ce que les gens du pays de la Sibylle lui avaient raconté. Il y croyait peut-être plus qu’il ne l’avoue ; il s’en est moqué néanmoins et a tourné le tout en un simple conte bleu. Antoine de la Sale préludait