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gris de ce jour, apparaît mat et foncé, mais qui prend au soleil les transparences d’émeraude pâle des gazons alpestres. Tout au bout de cette vaste plaine se dresse le rocher, en forme de sabot renversé, dont Castelluccio occupe le haut. Ce « mauvais petit château » (c’est le sens propre de Castelluccio), jadis forteresse papale, est aujourd’hui un pauvre village. Nous y arrivons tout transis, et nous sommes heureux de nous réchauffer dans la cuisine de la maison hospitalière que M. Calabresi, le grand propriétaire du pays, a bien voulu, – toujours grâce aux soins vigilants de notre ami Rajna, – mettre à notre disposition.

Puis on délibère avec les muletiers et les habitants sur l’ascension du lendemain. Tous hochent la tête et la déclarent impossible. La nuit sera glaciale et la journée enveloppée d’un épais brouillard. La course est de sept heures environ : autant pour revenir et au moins deux heures de repos là-haut, c’est-à-dire qu’il faudrait partir à quatre heures du matin pour être rentrés à huit heures du soir, et passer les seize heures dans la brume. Ils se refusent à nous fournir des mulets et des guides. Notre ami, alpiniste aguerri, finit pourtant par décider un jeune homme à l’accompagner, et part à pied au milieu de la nuit. La prévision des gens du pays était juste :