Là, grâce à la prévoyance de notre ami, nous sommes l’objet des plus aimables attentions de la part de l’avocat Laurento Laurenti, qui traite pour nous avec les muletiers et complète fort utilement notre bagage. Nous partons de Norcia, où il n’y a rien à voir, à trois heures, et en quatre heures nos mulets nous amènent à Castelluccio.
Le sentier que nous suivons serpente d’abord sur les collines, entre des buissons chargés d’églantines roses, puis franchit des rochers abrupts ; assez difficile par endroits, il est en somme praticable. Mais le froid augmente à mesure que nous nous élevons, et les nuages sont si bas que nous n’apercevons pas, même près du but, les cimes du Vettore et de la Sibilla dont hier, à Spolète, nous voyions étinceler au soleil les plaques de neige. Nous franchissons un col appelé à bon droit la Ventosola, où nous sommes assiégés par une bise glaciale ; elle s’adoucit un peu, mais sans lâcher prise, pendant que nous traversons lentement le piano…grande qui fait l’orgueil de Castellucclo. C’est une immense prairie, qui a conservé l’égalité de surface, bien rare à cette altitude, du lac qu’elle était jadis et qu’elle redevient à la fonte des neiges ; elle est couverte d’un épais tapis de velours vert qui, sous les nuages