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se lisent deux gracieux distiques d’Ange Politien. Dans cette église rude et un peu barbare ces fresques et ce monument apportent comme un sourire, comme un rayon de beauté venu d’un ciel plus doux.

Cinq heures de voiture mènent de Spolète à Norcia par une des plus belles routes qui se puissent voir, remontant d’abord le Nera[1], puis le Corno ou Cornia, passant d’une rive à l’autre quand le rocher la serre de trop près, changeant à chaque instant d’aspect et de points de vue. Sur les hauteurs sont perchés de vieilles tours écroulées, des villages qui ont l’air de forteresses, comme Poncianello, célèbre par ses belles filles, ou de vraies villes, comme Cerreto. Aux flancs des montagnes, des grottes profondes font des trous noirs dans la verdure ensoleillée des prairies ; les pentes plus hautes éclatent de l’or éblouissant des genêts. Bientôt les oliviers disparaissent, mais longtemps encore les grands chênes enfoncent leurs puissantes racines dans le roc. Le Nera verdit au fond du ravin avec des franges d’écume ; il est doux maintenant entre ses saules argentés, mais souvent, au printemps ou à l’automne,

  1. Officiellement, on dit la Nera, mais le peuple a conservé le masculin de l’ancien Nar.