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à l’arrivée, et rentre dans le monde des humains. Il va remercier les ermites, repasse à Norcia, et s’empresse d’aller à Rome, où le pape l’absout de sa témérité en considération du but de son voyage et de sa résistance à la tentation.

Ce récit, visiblement arrangé dans un sens édifiant, a certainement pour base un conte plus ancien, qui est aussi le fondement de celui d’Antoine de la Sale. On y voit, comme le fait très bien remarquer M. Söderhjelm, la transition entre l’ancienne conception de la Sibylle et la transformation qu’elle a subie : la Sibylle est encore ici avant tout une voyante qui connaît les choses cachées, et c’était là sans doute la forme la plus ancienne de la légende, car cette légende n’est qu’une adaptation de l’épisode bien connu de l’Énéide, adaptation érudite[1], qui a fait transporter à cet endroit de l’Apennin la grotte de la Sibylle parce qu’on y voyait, – non loin d’un lac, – une caverne avec un prolongement mystérieux, comme celui qu’on montre encore au lac Averne. De là le nom de Monte della Sibilla, dont on ne peut malheureusement pas déterminer l’antiquité. Mais l’antre de la Sibylle semble être en même temps,

  1. Si le latin sibylla avait passé par voie populaire en italien, il serait devenu sevotla ou sevella.