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Antoine de la Sale n’est pas le premier qui ait écrit sur les merveilles du Monte della Sibilla, mais il ne connaissait pas son prédécesseur.

En 1391, Andrea da Barberino composait l’étrange roman en prose intitulé Guerino il Meschino, œuvre dont le succès, qui nous étonne, n’a pas cessé, jusqu’à nos jours, d’être immense dans le peuple italien. L’auteur de ce roman a été le plus fécond « adaptateur » qui ait jamais existé : presque tout ce qui nous reste, imprimé ou encore inédit, d’histoires italiennes en prose empruntées plus ou moins directement à nos vieux poèmes français est sorti de son infatigable main. Le Guerino a-t-il aussi une source française ? On n’en a retrouvé aucune trace ; et je suis porté à croire que, pour cette fois, Andrea s’est essayé à voler de ses propres ailes, non sans les garnir de plumes empruntées de toutes parts : son roman, fort ennuyeux d’ailleurs, diffère beaucoup de ses autres écrits et présente des caractères qui semblent bien italiens. N’en retenons, et brièvement, que ce qui concerne notre sujet.

Guerino est, comme bien d’autres héros, à commencer par Télémaque, à la recherche de son père : on lui a dit que la Sibylle de Cumes, « qui ne doit mourir qu’à la fin du monde et qui sait toutes les choses présentes et passées », – c’est un souvenir évident de Virgile et des légendes antiques sur une sibylle immortelle, – pourrait lui en donner des nouvelles. Il apprend qu’elle