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La Sale justifie doctement son incrédulité en montrant que « toutes les écritures saintes, tant grecques que latines », ne parlent que de dix sibylles, et qu’aucune d’elles ne peut habiter la fameuse montagne. C’est le diable qui a mis cette fable en crédit « pour décevoir les simples gens » ; tout bon chrétien doit se garder de se laisser prendre à cette fausse croyance et surtout d’aller se « mettre en ce péril ».

Après cette protestation, – qui ne laisse pas de surprendre un peu chez le narrateur minutieux de l’aventure du chevalier allemand, – Antoine de la Sale termine d’un ton plus léger son livre du Paradis de la reine Sibylle :

« J’ai mis tout cela en écrit, mon très redouté seigneur, pour rire et passer le temps, et je vous l’envoie afin que, si c’est votre plaisir, quelque jour, disant vos heures, en attendant le dîner ou le souper, vous y alliez pour vous divertir, et je vous promets que la reine et toutes ses dames vous feront bon accueil et vous festoieront en très grande joie. »