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FRANÇOIS VILLON.

d’aventure, les fableaux n’y sont cultivés. Quant à ceux quavaient produits le xIIe, le xIIIeet encore, bien que déjà moins abondamment, le xIVesiècle, on ne les copie plus, on ne les comprend plus. Il n’est pas à croire toutefois que l’on eût cessé, entre « bons compagnons », de se raconter de ces histoires facétieuses qui sont impérissables dans la mémoire des hommes ; mais on ne les mettait plus en vers (les deux ou trois essais de Martin Le Franc sont mal venus et soumis à une forme peu appropriée), et on n’avait pas encore appris des Italiens à les mettre en prose, comme allait le faire si gaillardement Antoine de la Sale. Pour trouver au xVe siècle une narration en vers, il faut descendre jusqu’à ces Repues franches, dont Villon, quelque vingt ans après sa mort, est en partie le héros légendaire. L’écolier parisien n’avait donc à peu près rien lu qui put le diriger du côté de la poésie épique, soit sous la plus haute, soit sous la plus humble de ses formes.

Son époque n’était pas beaucoup plus ouverte à la poésie lyrique pure, celle qui exprime des sentiments personnels et momentanés ; elle ne la connaissait guère que mêlée à deux cléments qui lui sont étrangers, l’allégorie et la moralité. Ce genre mixte avait produit, dans l’époque immédiatement précédente, des œuvres sinon de premier ordre, au moins dignes d’attention, et qui avaient exercé une influence considérable. La poésie de Villon lui-même s’y rattache par des liens certains, et c’est là qu’il faut chercher la source de la forme propre, et même en partie de la matière et de l’esprit de son œuvre. Il est donc nécessaire de nous arrêter à l’histoire de