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CHAPITRE II

L’ŒUVRE


L’artiste le plus original est, pour la forme qu’il donne à son œuvre, nécessairement déterminé par l’art de son temps. Il en est ainsi particulièrement du poète, qui, — sans parler de la langue, qui lui est transmise, — n’invente pas sa versification, qui la reçoit toute faite d’une tradition dont en général il ne connaît ni ne discute l’origine et la raison d’être, et qui emprunte forcément à ses souvenirs de lecture ou d’audition, outre ce moule extérieur, les premiers éléments de son style. Aux époques d’érudition, l’art de siècles depuis longtemps passés et de civilisations lointaines peut aussi exercer sur l’artiste une action plus ou moins dominante. Ce sont ces influences traditionnelles dont nous avons d’abord à rechercher la part dans l’œuvre de notre poète. Les contemporains de Villon connaissaient la poésie latine classique ; mais ils étaient complètement incapables d’en rien tirer pour la forme de leur