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FRANÇOIS VILLON.

devant de la jument qui portait le pauvre moine, ils l’auraient tellement effrayée quelle aurait renversé son cavalier et l’aurait traîné, attaché aux étriers, jusqu’à ce que son cadavre fût réduit en lambeaux. L’énorme et souvent féroce gaieté de Rabelais a pu « embellir » le dénouement, qui se réduisit, espérons-le, pour le frère Tappecoue à une chute ridicule. Mais on peut bien croire que Villon, chassé de la région parisienne, eut l’idée de retourner dans ce Poitou dont il avait gardé de si doux souvenirs ; il put y perfectionner assez la connaissance qu’il avait déjà du poitevin pour être capable de composer un mystère dans le langage du pays. Saint-Maixent n’est pas loin de Saint-Généroux. Croyons, jusqu’à preuve du contraire, qu’il passa là paisiblement ses dernières années, qui ne durent pas être nombreuses ; car il n’est pas probable que l’auteur du Grand Testament, si sa vie s’était prolongée, n’eût pas composé quelque nouveau poème. En 1489 parut à Paris la première édition datée de ses œuvres qui nous soit parvenue. Elle n’était sans doute pas la première, et la première, qui est perdue, et qui fut le modèle de toutes les autres, peut avoir précédé celle-ci de quelques années. Elle ne fut ni donnée ni surveillée par le poète lui-même : il était certainement mort lorsqu’elle fut faite.

Telle fut la vie agitée, criminelle et misérable de François de Montcorbier ou des Loges, dit Villon ou de Villon, poète parisien. Après l’avoir retracée autant que nous l’ont permis les indications fragmentaires et souvent obscures de ses propres œuvres