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LA VIE.

1462, un certain Robin d’Ogis, dont nous ne savons pas la profession, demeurant dans la rue des Parcheminiers, « en sa maison, où pend l’enseigne du Chariot », vit arriver chez lui son ami maître François Villon, — tout frais sorti du Châtelet, — qui venait lui demander à souper. Robin l’accueillit, et deux autres convives se joignirent à eux : après le souper, qui avait sans doute été largement arrosé, Villon les invita tous à venir terminer la soirée chez lui, au cloître Saint-Benoit. En s’y rendant, sur les huit heures du soir, ils passèrent, dans la rue Saint-Jacques, devant l’escritoire éclairée de maître François Ferrebouc, personnage important, scribe de l’officialité de l’évêque de Paris. L’un des soupeurs, Roger Pichart, qui avait sans doute maille à partir avec cet officier judiciaire, se mit à railler les clercs qui travaillaient dans l’escritoire et à cracher par la fenêtre ouverte. Les clercs sortirent ; une rixe s’engagea, au cours de laquelle Robin d’Ogis frappa d’un coup de dague maître François Ferrebouc lui-même ; après quoi il s’enfuit, et, ayant trouvé Pichart devant l’église Saint-Benoit, — là même où Villon, huit ans avant, avait été assailli par Philippe Sermoise, — il lui reprocha (assure-t-il) sa conduite, puis rentra chez lui. Il fut arrêté, mis en prison à la conciergerie du Palais et « en grand danger de sa personne ». Il resta prisonnier pendant près d’un an, au bout duquel il eut la chance (il était peut-être Savoyard) d’être recommandé au duc Louis de Savoie, beau-père de Louis XI, qui était venu voir son gendre à Paris en novembre 1463, et grâce auquel il obtint des lettres de rémission : ce