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FRANÇOIS VILLON.

prenante, — n’était pas fondée, ou du moins elle ne put pas être établie, et il allait être relâché, quand un incident se produisit qui suspendit sa libération. La Faculté de théologie avait gardé l’amer souvenir du vol qui, en décembre 1456, lavait dépouillée de quelques centaines déçus d’or. Ayant appris que l’un des auteurs de ce vol, — connus par la déposition de Gui Tabarie, — était détenu au Châtelet et allait être relâché, elle mit opposition à la levée de l’écrou, et fit interroger Villon sur cette vieille affaire. Celui-ci avait dû prendre soin de faire comprendre le vol du collège de Navarre dans la rémission générale accordée par les lettres de 1461 : il avoua donc sans se faire prier la part qu’il y avait prise, et reconnut en avoir tiré cent vingt écus d’or. Mais si la rémission royale éteignait pour ce fait l’action criminelle, elle ne pouvait éteindre l’action civile de la partie lésée. La Faculté, munie d’un double de l’interrogatoire, réclama la somme au prisonnier. Où le pauvre diable aurait-il trouvé cent vingt écus d’or ? Le grand bedeau se contenta de lui faire signer l’engagement de rembourser cette somme en trois ans par paiements échelonnés d’année en année. Il est évident que cet engagement aurait été dérisoire s’il n’avait pas été pris sous la garantie de gens solvables, et cela montre que Villon avait encore des parents ou des amis qui lui portaient un réel intérêt. Il vit ainsi s’ouvrir devant lui les portes du Châtelet ; mais il les avait à peine franchies qu’il allait les repasser de nouveau, et se trouver bien près, cette fois, de ne quitter sa geôle que pour la potence.

Par un beau soir de ce même mois de novembre