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LA VIE.

C’est confirmé aussi par les vers où, invitant le tavernier de la Pomme de pin à venir se faire payer chez lui le vin qui lui était dû, il ajoute :

Combien[1], s’il trouve mon logis,
Plus fort sera que le devin.

D’ailleurs, comme on l’a remarqué, il n’avait pas eu le temps, dans son court séjour à Paris, de se renseigner sur bien des changements survenus depuis son « partement ». Il croyait que la Maschecroue tenait encore sa rôtisserie près du Châtelet, tandis qu’elle était morte, et il ne savait même pas que son protecteur d’autrefois, Robert d’Estouteville, avait cessé, depuis le ler septembre, d’être prévôt de Paris (il le redevint en 1465). Au reste il dit lui-même, en parlant de ses anciens légataires :

Et s’aucun[2] dont n’ai cognoissance,
Estoit allé de mort a vie
[3]

Le Testament porte à plusieurs endroits la marque de l’inquiétude où le poète était en l’écrivant. Il fait allusion à ceux qui, après tout ce qu’il a souffert, ne jugent pas qu’il a encore assez expié :

Ceux donc qui me font telle oppresse[4]
En meurlé[5] ne me voudroient veoir.

Il se plaint de Fortune, qui n’est pas rassasiée de le persécuter et qui veut sa mort :

Au retour de dure prison,
Ou j’ai laissé presque la vie,

  1. Toutefois.
  2. Et si quelqu’un d’eux.
  3. Entendez, naturellement, «  de vie à mort ». Ce genre de plaisanterie charmait Rabelais, qui en fait un fréquent usage.
  4. Persécution,
  5. Maturité,