Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
LA VIE.

qu’il avait appris à parler poitevin avec deux « filles très belles et gentes », qui demeuraient à Saint-Généroux ; ce nom d’un village voisin de Parthenay était peu connu ; le poète, après l’avoir situé vaguement dans les « marches de Bretagne ou de Poitou », ajoute, en imitant le langage poitevin :

Mais i ne di proprement ou
Iquelles passent tous les jours.
M’arme ! i ne seu mie si fou !
Car i vueil celer mes amours.

Cette discrétion badine a peut-être quelque chose de sincère : Villon avait pu rencontrer à Saint-Généroux un accueil gracieux qui lui avait laissé un honnête et plaisant souvenir, et qui plus tard, après d’autres vicissitudes, le ramena dans ce pays hospitalier. Coquillard, ou en tout cas ami des coquillards, Villon devait « travailler » avec eux. Nous avons vu comment, au printemps de 1461, Colin des Cayeux était arrêté à Montpipeau et bientôt pendu, et comment Villon, peu de temps après, était, pour un méfait sans doute indépendant, enfermé dans la prison de Meun, d’où le tira au mois d’octobre la grâce octroyée par le nouveau roi de France.

Que devint notre poète, quand il sortit, tout ébloui par le jour retrouvé, de son cachot ténébreux ? Son premier mouvement dut le porter vers Paris. Il était Parisien dans l’âme, et l’on voit par son Testament que toutes les impressions de sa vie parisienne, déjà cependant assez lointaine, étaient restées gravées dans son souvenir, tandis que sa vie errante des dernières années n’y avait laissé qu’une trace fugitive.