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LA VIE.

surtout si on les rapproche d’un « rondel » du Testament, destiné à servir d’épitaphe au poète, et où il dit de lui-même :

Rigueur le tramist[1] en exil...
Nonobstant qu’il dist : J’en appelle !


Et dans la ballade adressée de la prison de Meun à ses amis, il se plaint d’être non seulement captif, mais exilé :

En cest exil ouquel je suis tramis[2]
Par Fortune…..

Il ne suffisait pas au poète d’être délivré : il aspirait à retrouver la position qu’il avait occupée auprès du duc. Nous avons la trace de l’effort qu’il fit en ce sens dans une ballade qu’il composa sans doute peu après les pièces précédentes. Charles d’Orléans s’était un jour amusé, comme il le fit plus d’une fois, à ouvrir entre les poètes de son entourage une sorte de concours, auquel il prit part lui-même. Il s’agissait d’écrire une ballade dont le premier vers était donné (Je meurs de soif auprès de la fontaine), et qui devait tout entière se composer ainsi de propositions contradictoires : c’était un jeu d'esprit déjà fort goûté des poètes provençaux et français des xIIe et xIIIe siècles. Le duc fit copier toutes les pièces qu’il obtint dans un volume qui nous a été conservé et qui paraît bien avoir été achevé en 1456 : Villon n’avait donc pu prendre part au concours. Il est probable qu’il eut communication du recueil et qu’il crut trouver là une occasion de rentrer tout à fait en grâce. Il composa à son tour une ballade

  1. L’envoya.
  2. Dans lequel je suis envoyé.