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FRANÇOIS VILLON.

ses Lais ait absorbé réellement toute sa vie, soit qu’il ait vainement cherché des moyens honnêtes de se procurer de l’argent, il se trouvait, vers la fin de cette année 1456, à bout de ressources. Il se rappela qu’un frère de sa mère était religieux à Angers, et il eut l’idée d’aller le visiter, espérant peut-être obtenir de lui un peu d’argent ; il voulait aussi, si nous l’en croyons, s’éloigner d’une femme qu’il aimait trop et qui lui était « félonne et dure ».

C’est dans la pensée de ce voyage qu’il composa, fort rapidement sans doute, son poème des Lais (legs) ; il l’écrivit

Sur le Noël, morte saison,
Que les lous se vivent de vent,
Et qu’on se tient en sa maison,
Pour le frimas, près du tison.

Après une entrée en matière burlesquement grave, où il se présente à nous comme réfléchissant mûrement, selon les conseils de Végèce, sur la meilleure façon d’ordonner sa vie, après quelques strophes mélancoliques sur ses amours, il annonce son départ :

À Dieu ! je m’en vois a Angiers ;

puis, songeant qu’il va « en pays lointain « et que nul n’est sûr de sa vie, il entame la série bouffonne de ses legs, qui, après Guillaume de Villon (auquel il laisse sa renommée) et sa belle, concernent des amis ou connaissances de toute condition, et aussi des corporations ou des communautés. Au beau milieu, entendant l’Angelus, que la cloche de Sorbonne sonnait chaque soir, il s’interrompt

Pour prier comme le cuer dit ;