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FRANÇOIS VILLON.

amis Régnier de Montigny et Colin des Cayeux ; mais certainement il se permettait des tours qui dépassaient les limites de la légèreté. Il rappelle lui-même avec complaisance, dans son poème de 1456, les canards « qu’on soûlait prendre », en compagnie de Jean le Loup et de Cholet, dans les fossés, sur le tard, et qu’on cachait, pour rentrer en ville, sous un long tabart descendant jusqu’aux pieds. Bien que Villon soit dit, dans les lettres royales de 1456, n’avoir jamais été « atteint d’aucun mauvais cas, blâme ou reproche », on peut croire qu’il avait déjà été mené au Châtelet, puisqu’il connaissait la chambre des Trois lits, — la meilleure à ce qu’il paraît, — qu’il demande aux sergents, en 1456, de lui réserver à l’occasion ; il parle aussi de certaine geôlière dont il avait conquis les bonnes grâces. Il remercie ailleurs maître Guillaume de l’avoir « mis hors de maint bouillon », ce qui veut dire sans doute qu’il était allé plus d’une fois le réclamer après quelque équipée malencontreuse.

Le triomphe de maître François était surtout dans une écorniflerie poussée très loin, dans l’art de se procurer des « repues franches ». Il y excellait tellement qu’il faisait, en bon prince, profiter ses amis de son talent. La tradition de ses coups de maître s’était conservée à Paris. Un poème de la fin du xve siècle, intitulé précisément les Repues franches, lui consacre tout un chapitre, où il est raconté comment il procura successivement, en un seul et même jour, à ses compagnons affamés, du pain, du vin, du poisson, des tripes et du rôt. Sur ces cinq tours, quatre se retrouvent dans le Tyl Ulenspiegel néer-