Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
LA VIE.

fond de sa prison, et qui, dans ce Paris déjà si grand et si difficile à surveiller, cherchaient à mener une vie de plaisir au moyen de toutes sortes d’expédients. C’étaient des gentilshommes disqualifiés, comme Philippe Brunel, seigneur de Grigny, ou Régnier de Montigny, « noble homme », qui avait déjà en plus d’un crime sur la conscience et finit en par être pendu à Montfaucon. Puis c’étaient des clercs comme Gui Tabarie, auquel Villon faisait « grosser » son roman du Pet au diable, ou même des prêtres comme Thomas Tricot, — car dans l’étrange société du moyen âge les prêtres perdaient trop souvent, nous en verrons tout à l’heure plus d’un exemple, tout souci de leur dignité professionnelle et ne se gênaient pas pour fréquenter les tavernes, les tripots et de pires lieux encore. Enfin parmi les amis de Villon dès cette époque, pour ne citer ici que ceux qu’il nomme lui-même, figuraient des aventuriers de bas étage comme Casin Cholet et Jean le Loup, et ce Colin des Cayeux qui, dès 1450, était signalé en justice comme « larron, crocheteur, ribleur et sacrilège incorrigible », et qui devait, nous l’avons vu, être pendu à la suite d’une expédition à Montpipeau dans laquelle il avait peut-être son ami Villon pour complice.

On pense bien qu’à une telle bande de « gracieux galants » ne manquait pas la compagnie de femmes dignes d’eux. On en voit défiler dans les vers de Villon toute une procession édifiante, depuis « la petite Macée d’Orléans », à laquelle il gardait rancune d’avoir eu « sa ceinture », jusqu’à la grosse Margot, qu’il a chantée dans une ballade trop