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LA VIE.

que sur les rues et les campagnes par lesquelles il vagabondait. Il était lié avec des gens de tout acabit, depuis de hauts et puissants seigneurs jusqu’à des hommes de sac et de corde. Il devait sans doute ses relations élevées ou honorables à maître Guillaume et à ses parents aisés ; les autres, il se les était faites lui-même, et elles furent cause de sa perte. Grâce aux « legs » qu’il a faits, dans l’un ou l’autre de ses poèmes, presque à chacun de ceux avec lesquels il fut en rapport en ces années de jeunesse, on peut passer en revue la société hétérogène que le poète fait défiler dans ses vers.

Au sommet nous trouvons un très haut personnage, et précisément le prévôt de Paris, messire Robert d’Estouteville. Villon était assez lié avec lui pour savoir qu’il avait une dévotion particulière à saint Christophe. La ballade dans laquelle il a célébré l’union de Robert d’Estouteville avec la belle Ambroise de Loré est sans doute une de ses premières productions, et sûrement une de ses moins bonnes. Si le poète l’a conservée et enchâssée dans son Testament, c’est qu’il tenait beaucoup au

gré du seigneur qui atteint
Troubles, forfaits, sans espargnier.


L’amitié de celui-ci empêcha peut-être Villon d’être impliqué dans l’affaire du « Pet au diable ». Comment était-il entré en relations avec le prévôt ? Il rappelle que Robert d’Estouteville avait « conquis » sa femme au pas d’armes tenu en 1446 à Saumur par René d’Anjou. Peut-être faut-il voir dans cette mention une trace des relations angevines de François