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FRANÇOIS VILLON.

larges arceaux au remplage trilobé. Le cimetière, qui servait à vingt paroisses et dans lequel, depuis des siècles, étaient venus s’enfouir des millions de Parisiens, était riche de monuments de tout genre, disséminés au hasard ou pressés les uns contre les autres. Mais l’affluence incessante des nouveaux morts en chassait perpétuellement les anciens. On les déterrait pour faire de la place, et on entassait leurs os dans les galetas. Bientôt ceux-ci furent combles, et on se mit à remplir les galeries du rez-de-chaussée, où s’élevèrent des montagnes d’ossements et des pyramides de crânes. C’est sur l’un des murs de ces galeries que fut peinte, en 1424 et 1425, la célèbre danse Macabre[1], qui représentait la mort comme une danse à laquelle tous les humains sont conviés malgré eux. On y voyait trente personnages, quinze ecclésiastiques et quinze laïques, depuis le pape et l’empereur jusqu’au simple clerc et à l’ermite, chacun invité par la Mort à faire partie de la grande danse. Nous avons de cette peinture des copies réduites qui nous en donnent très bien l’idée. La Mort est figurée par un squelette, ou, souvent, par un cadavre près d’être un squelette, mais, sauf le crâne, ne l’étant pas encore, et laissant pendre de tous côtés des lambeaux de chair : elle gambade et ricane en saisissant son partenaire par la main ; celui-ci a une attitude de surprise effrayée et plus ou moins résistante. Cette vaste fresque remplissait dix arcades, divisées en trois doubles compartiments, dont chacun était occupé par un des personnages et

  1. Et non macabre : voy. Romania, t. XXIV, p. 131.