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FRANÇOIS VILLON.

— se décida enfin à intervenir. Le 9 mai 1453, il occupa la Montagne Sainte-Geneviève, reprit la pierre, les enseignes et les crocs, et arrêta une quarantaine de mutins. Aussitôt le recteur, suivi d’un millier de maîtres et écoliers, alla réclamer les prisonniers. Le prévôt voulut bien les rendre ; mais, comme la procession universitaire revenait en triomphe, il y eut entre elle et les archers échange d’injures, puis de coups ; un écolier fut tué, des clercs furent malmenés, et le conflit prit un caractère des plus aigus. L’Université suspendit les cours et les prédications pendant neuf mois, de mai 1453 à février 1454. Finalement, cette fois encore, elle obtint satisfaction : douze archers durent faire amende honorable, et 1 un d’eux, qui avait menacé le recteur, eut le poing coupé.

Si j’ai, brièvement, raconté ces échauffourées, c’est qu’elles semblent avoir exercé une influence décisive sur la vie de François de Montcorbier et avoir même éveillé son génie. Il est à croire, étant donnée sa nature ardente et indocile, qu’il prit une part active aux fredaines de ses camarades. Il s’en fit en tout cas l’historiographe. Un des legs du Testament nous apprend qu’il avait composé un « roman » du Pet au diable, qui devait être le récit comique des événements de 1451-1453. C’est au vénérable maître Guillaume de Villon lui-même qu’il laisse ce mirifique ouvrage, avec le reste de sa bibliothèque :

Je lui donne ma librairie,
Et le romant du Pet au Diable,
Lequel maistre Gui Tabarie
Grossa, qui est bons véritable ;