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LA VIE.

sant copistes, libraires, clercs de notaire ou de procureur, bedeaux, messagers, sergents de justice, etc. D’autres enfin ne tiraient même pas de leurs études négligées des ressources suffisantes pour vivre : livrés à la paresse et à la débauche, ils devenaient très vite des « déclassés » ; le mot est nouveau, mais la chose est ancienne, et cette plaie des sociétés modernes était peut-être plus vive et plus envenimée au xv" siècle que de nos jours. N’ayant gardé de leur instruction qu’un certain affinement d’esprit, ils devenaient d’abord des parasites, puis des escrocs, des faux monnayeurs, et finalement de vrais « cambrioleurs » ou des voleurs de grand chemin. Tel fut le sort de plus d’un des compagnons de notre poète, et, il faut l’avouer, tel fut le sien. Il énumère, dans une de ses ballades les plus vivantes, toute cette clique à la fois famélique et débauchée, toute cette « bohème » confinant à la « pègre » (on a bien le droit d’employer l’argot en parlant de lui), à laquelle il appartenait lui-même et qu’il connaissait à fond. Porteurs de bulles papales (d’indulgences plus ou ; moins authentiques, pipeurs aux dés, tailleurs de faux coins, larrons, joueurs de brelan, de « glic », de quilles, et, à côté d’eux et plus innocents, sonneurs de luth, de cymbale et de flûte, chanteurs, faiseurs à prix d’argent de moralités ou de farces, tous ces compagnons n’ont qu’une pensée, qu’ils réalisent partons les moyens : gagner de l’argent ; mais de toutes leurs peines et de toutes leurs ruses, |

Ou en va l’argent? que cuidez?
Tout aux tavernes et aux filles!