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LA VIE.

l’épidémie. Les loups entraient dans la ville, et y enlevaient les enfants. Le petit François de Montcorbier avait alors huit ou neuf ans, et dut souffrir sa large part de cette misère.

Peu à peu les choses s’améliorèrent : les bandes d’Anglais ne parurent plus ; les gens de guerre furent mieux disciplinés (quoique des « écorcheurs » aient encore terrorisé la ville en 1439, 1440 et même 1444). On rouvrit les portes, qui, sauf détroits guichets, avaient été murées. On osa sortir de la ville sans crainte d’être dépouillé, rançonné ou tué. La culture reprit dans les campagnes, et l’approvisionnement de la cité put arriver régulièrement. A partir de 1445 environ, l’ordre fut rétabli et la prospérité commença à renaître. Mais on comprend tout ce qu’avait dû endurer, dans cette période épouvantable, la pauvre mère du futur poète.

Elle fut probablement aidée dans sa lourde tâche par ses parents, surtout par Guillaume de Villon. Le jeune François montra certainement de bonne heure la vivacité de son intelligence et sa facilité pour l’étude, et Guillaume songea dès lors à en faire un clerc, ce qui dut remplir la veuve de joie et d’espérance. Quand l’enfant eut quitté les petites écoles de la Cité et commencé à suivre, — ce qu’on faisait vers l’âge de douze ans, — les leçons de la Faculté des arts, où on apprenait surtout, par des méthodes aussi imparfaites que lentes et laborieuses, la grammaire latine, avec un peu de logique et de rhétorique, maître Guillaume le prit chez lui, dans sa maison du cloître Saint-Benoit : l’écolier était ainsi tout près des locaux variés où se faisaient les cours.