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FRANÇOIS VILLON.

rond. Il était donc né en 1431. Sa vie de débauche et de misère, autant sans doute que les souffrances de la prison, l’avait émacié et flétri et lui donnait l’apparence d’un vieillard :

Qu’est ce a dire? que Jeanneton
Ne me tient plus pour valeton[1],
Mais pour un vieil usé roquart[2] :
De vieil porte voix et le ton,
Et ne suis qu’un jeune coquart[3].


Il se représente comme « plus noir que mûre, plus maigre que chimère », et, en léguant son corps « à notre grande mère la terre », il fait cette remarque à la fois souriante et lugubre :

Les vers n’i trouveront grant graisse :
Trop lui a fait faim dure guerre!


Au reste il n’avait jamais été gras. Déjà dans son premier poème, à l’âge de vingt-cinq ans, il nous dit qu’il est « sec et noir comme écouvillon ». Malgré cela, il avait un fonds de santé solide. S’il fait son testament, c’est qu’il se sent faible

Trop plus de biens que de santé;


et il reconnaît, en s’en étonnant, que la prison de Meun ne la pas rendu malade. Déjà auparavant il souhaitait de rencontrer un usurier auquel il pût « vendre de sa santé ».

François Villon n’était pas né avec ce nom qu’il devait à la fois déshonorer et illustrer. Les noms patronymiques ou « surnoms » étaient loin d’avoir

  1. Jeune homme. —
  2. Cheval hors de service, —
  3. Qu’un jouvenceau.