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FRANÇOIS VILLON.

en vers crûment plastiques les regrets de la belle heaumière sur son corps livré aux outrages du temps, que ses huitains faits pour les « compagnons » du quartier latin, charmeraient, quatre siècles après sa mort, les raffinés de l’autre côté de la Manche et seraient imités par eux avec une studieuse sympathie. Ce qui faisait aux yeux des « esthètes » le plus grand attrait de son œuvre, c’était, pour la forme, la sûreté de sa touche et la précision de son style, et, pour le fond, ce déséquilibre moral qui exerçait une troublante attirance sur ces âmes singulières, ouvertes à la fois aux aspirations d’un mysticisme lilial et aux suggestions perverses d’une dépravation au moins intellectuelle.

Quand on a passé en revue tous ces témoignages, toutes ces preuves de l’admiration provoquée et de l’influence exercée depuis quatre siècles par le mince recueil de Villon, on est émerveillé de cette intensité de succès du « pauvre petit écolier » qui osait à peine souhaiter qu’il restât de lui quelque mémoire

Telle qu’elle est l’un bon folastre.


Il a suffi de quelques centaines de vers, écrits, au hasard d’une verve fantasque, dans la petite chambre du cloître Saint-Benoit, au coin d’une tombe du cimetière des Innocents, au fond d’une basse fosse, sur la table d’une taverne ou d’un bouge, pour que le nom transmis par maître Guillaume de Villon à son pupille soit devenu immortel, pour que des érudits s’attachent avec une passion tenace à retrouver