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FRANÇOIS VILLON.

général avec peu d’estime : Pasquier, tout en reconnaissant qu’il avait « un assez bel esprit », déclare gravement que son savoir « ne gisait qu’en apparence », et Du Verdier ne cache pas le souverain mépris qu’il lui inspire : « Je m’émerveille, dit-il, comme Marot a osé louer un si goffe ouvrier et ouvrage, et faire cas de ce qui ne vaut rien : quant à moi, je n’y ai trouvé chose qui vaille. » Ce n’était certainement pas l’avis de Mathurin Régnier ni de quelques autres ; mais ils n’ont pas exprimé leur sentiment. Le bon Fauchet seul n’a pas craint de dire qu’il aimait Villon, et que c’était « un de nos meilleurs poètes satyriques ».

Il est remarquable que l’école classique du XVIIe siècle ait marqué pour le poète si oublié ou si méprisé un retour imprévu d’admiration. C’est que le goût du naturel était revenu, et qu’on cherchait, non à jeter la langue dans un nouveau moule, mais à en reprendre la vraie et antique tradition. C’est dans ce sens que Patru écrivait : « Villon pour la langue avait le goût aussi fin qu’on pouvait l’avoir pour son siècle ». Boileau avait pour Patru, « le Quintilien de notre temps », comme il l’appelait, une déférence sans bornes, et je ne doute pas que ce ne soit tout simplement le jugement de Patru qu’il a enregistré dans ses fameux vers tant discutés :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers.

Il n’était pas, comme Chapelain ou La Fontaine, fureteur de vieux livres : il a dû s’en rapporter de confiance à l’opinion d’un juge auquel il soumettait