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FRANÇOIS VILLON.

lui dit qu’il s’est attiré ces maux par sa « folle plaisance », et, lui rappelant qu’il a trente ans déjà, lui demande quand il sera enfin « hors d’enfance » et se décidera à devenir un « homme de valeur ». Le poète allègue que ses maux lui viennent de la planète Saturne, sous la domination de laquelle il est né (on attribuait à cet astre la plus fâcheuse influence). Mais le cœur lui réplique, en s’appuyant sur l’autorité de Salomon, que l’homme sage est maître de sa destinée et sait subordonner les influences célestes à sa volonté. Villon ne proteste que faiblement, car là comme ailleurs il est sincère, et il promet de suivre les conseils qu’on lui donne, c’est-à-dire de se remettre sérieusement à l’étude et de travailler à se refaire une vie régulière.

Il espérait donc que sa captivité ne serait pas de longue durée, et qu’il pourrait bientôt retrouver ses amis. Il leur avait adressé, au début de son emprisonnement, une étincelante ballade, qu’il trouva sans doute moyen de faire parvenir au dehors, et qui nous introduit dans le monde où il vivait d’ordinaire, quand il n’en fréquentait pas un autre bien pire, dont, à bon escient, il ne dit rien ici. Il fait appel, pour le tirer de sa fosse, pour lui tendre un « corbillon » dans lequel il remontera au grand jour, à toute la joyeuse bande des poètes, des chanteurs, des bons vivants, qui doivent faire preuve d’esprit de corps envers un des leurs. Ces jolis vers prouvent que dans ce monde frivole il était déjà célèbre et aimé :

Chantres chantans a plaisance, sans loi,
Galans, rians, plaisans en fais et dis,