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LE SUCCÈS.

depuis 1489, et même de certains écrivains, comme le montre l’influence incontestable qu’elle exerça et dont nous parlerons plus loin ; mais elle était décemment passée sous silence par les organes attitrés de ce qu’on pourrait, en demandant pardon de l’anachronisme, appeler le jugement académique d’alors. Villon était surtout célèbre comme un type de pauvreté — « pauvre comme Villon » était passé en proverbe — ou comme le module des faiseurs de bons tours : nous avons dit l’admiration, nullement littéraire, qu’il inspirait à l’auteur des Repues franches.

La plus ancienne allusion à son mérite poétique qui nous soit parvenue est celle d’Eloi d’Amerval, qui, dans son poème de la Grande Diablerie, écrit à Paris vers 1500, l’appelle « clerc expert en faits et en dits ». Puis le silence se fait de nouveau, interrompu seulement par le blâme que Geoffroi Tory, en 1529, adresse à maître François pour avoir écrit en « jargon », et nous arrivons à François Ier et à Marot.

L’admiration de François Ier pour Villon a lieu de surprendre. Sauf quelques passages, ce n’est pas un poète qu’on semble avoir pu goûter beaucoup en haut lieu ; il n’avait rien du goût italien prédominant à la cour du « Père des lettres », et d’autre part il était, surtout dans les éditions du temps, fort difficile à comprendre. Marot nous dit cependant qu’il a entrepris son travail parce qu’il avait vu le roi « volontiers écouter et par très bon jugement estimer plusieurs passages des œuvres de Villon ». Il est permis de supposer que c’était Marot lui-même qui avait lu ces passages au roi : celui-ci s’était plaint de la