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LE SUCCÈS.

de 1463 et trois ballades isolées ; 3° le « jargon et jobelin » ; 4° le « Petit Testament ». Le succès en fut énorme : de 1489 à 1533 il se lit plus de vingt éditions du recueil ainsi composé, toutes d’ailleurs, suivant l’usage du temps, reproduisant la première, sauf, naturellement, l’addition de fautes nouvelles et aussi quelques essais de corrections. Ici se termine la première série des éditions de notre poète.

La seconde est formée par l’édition de Clément Marot, qui, en 1533, entreprit de donner des œuvres de Villon un texte plus correct que celui des impressions précédentes. Il s’aida des souvenirs de vieux Parisiens qui lui fournirent quelques bonnes variantes et même une ou deux strophes omises dans l’édition de 1489 ; mais il ne s’avisa pas de recourir à des manuscrits : il a essayé de « raccoustrer » le texte, comme il dit, surtout « par deviner avec jugement naturel ». Il s’est efforcé de rendre Villon intelligible à ses contemporains, sans d’ailleurs y regarder de trop près, et certainement sans tout bien comprendre lui-même : les quelques remarques explicatives qu’il a jointes à son texte contiennent de singuliers contresens, et montrent combien, en trois quarts de siècle, la langue, à Paris même, avait changé et le milieu social s’était modifié. En somme, le texte de Marot, sauf quelques rajeunissements de forme et les améliorations indiquées, sauf aussi le meilleur ordre où sont rangées les pièces, ne diffère pas autant qu’on pourrait le croire de celui des éditions précédentes ; mais dès son apparition il le remplaça complètement. Il renouvela le goût du public pour le poète parisien : de 1533 à 1542 il n’eut pas moins de dix éditions. C’est