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L'ŒUVRE.

ses anciens compagnons de plaisir. Un mot sur le triste sort d’un vieillard pauvre le conduit à parler des maux de la vieillesse en général et à intercaler les Regrets de la belle heaumière, dont la dernière strophe contient ce tableau achevé :

Ainsi le bon tems regretons
Entre nous, povres vieilles sotes,
Assises bas, a croupetons,
Tout en un tas comme pelotes,
A petit feu de chenevotes
Tost allumées, tost esteintes…

La leçon peu édifiante de la belle heaumière à ses « écolières » amène le poète à des réflexions sur « le grand danger où se met l’homme amoureux » et à une dissertation, assez froide, sur la valeur morale des femmes, que suit la gaie ballade sur l’amour, avec son refrain :

Bien est eureux qui rien n’y a !

Encore ici la pensée de la mort la admirablement inspiré. Avec cette vision nette et plastique dont il a le secret il représente sans pitié les affres de la mort, auxquelles nul n’échappe, et, en songeant qu’elles atteindront aussi ce « corps féminin » fait pour les caresses, ce « corps féminin » qu’il a tant aimé, il conclut sa peinture réaliste par un subit attendrissement, qui lui sert de transition pour la ballade des Dames du temps jadis:

Et meure Paris ou Helaine,
Quiconques meurt meurt a douleur
Telle que pert vent et alaine :
Son fiel se crevé sur son cuer,
Puis sue, Dieu scet quel sueur…