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FRANÇOIS VILLON.

cela ne peut se goûter que dans le texte, et ne s’y goûte pas facilement, car le sens de ces facéties nous échappe souvent, sans compter que notre ignorance de la condition exacte de chacun des personnages auxquels elles s’appliquent nous empêche de les comprendre comme faisaient les contemporains. Déjà Marot était arrêté par cette difficulté : « Quant à l’industrie des legs qu’il fait en ses testaments, pour suffisamment la connaître et entendre il faudrait avoir été de son temps à Paris, et avoir connu les lieux, les choses et les hommes dont il parle. » Il s’est trompé en ajoutant : « La mémoire desquels tant plus se passera, tant moins se connaîtra icelle industrie de ses legs ». Quand Marot écrivait, soixante ans après le Testament, la mémoire des particularités visées par Villon était aussi complètement abolie qu’elle l’est de nos jours ; mais aujourd’hui, grâce aux sagaces et laborieuses fouilles pratiquées par nos érudits dans les archives, nous connaissons mieux que Marot « les lieux, les choses et les hommes » dont il est parlé dans les testaments de Villon. Il n’en est pas moins vrai que beaucoup d’allusions restent obscures ou ne se laissent deviner qu’au prix d’un effort qu’on ne peut demander au lecteur ordinaire.

Heureusement au milieu de ces personnalités le poêle a admis des digressions de tout genre. Celle qui concerne l’état où durent être, jusqu’à la venue du Christ, les justes de l’ancienne loi n’est intéressante que parce qu’elle nous atteste un certain goût pour les questions théologiques demeuré chez l’écolier débauché. Plus piquante est celle où il raille les