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FRANÇOIS VILLON.

geronnette » à Jaquet Cardon, à Ithier Marchant un « lai » sur la mort de sa bien-aimée[1].

D’autres pièces de rapport ont été insérées par Villon dans son Testament sans qu’il leur ait donné la forme de legs : les trois ballades sur les morts illustres, les Regrets de la belle heaumière avec la ballade qui les suit, la double ballade sur la folie de l’amour, la ballade des langues envieuses, la ballade du « bon bec » des Parisiennes, le rondeau qui termine l’épitaphe, enfin les deux ballades qui ferment le poème, celle où il « crie à toutes gens merci » et la ballade de conclusion.

Villon n’est pas l’inventeur de ce procédé. On le trouve déjà, nous l’avons vu, sans parler d’œuvres plus anciennes, dans le Voir dit de Machaut, dans divers poèmes de Froissart et surtout dans le Livre de la prison de Charles d’Orléans, dont il avait dû prendre connaissance pendant son séjour à Blois. Mais il en a très habilement tiré parti, soit pour faire entrer dans le souple cadre de son œuvre des pièces auxquelles il tenait, soit pour varier, par des ballades ou rondeaux composés expressément à cet effet, la forme qu’il avait adoptée. Le poème présente ainsi dans sa marche, qui risquerait d’être monotone, une série de haltes adroitement ménagées qui reposent le lecteur et qui n’en sont pas le moindre attrait.

Ce n’est pas seulement dans la forme que le Testament présente une heureuse diversité. Le ton en

  1. Il envoie aussi, — mais le procédé n’est plus le même, — tout son poème, qu’il qualifie de « sornettes », au « sénéchal » «pour le désennuyer », et aux magistrats équitables la prière qu’il vient de faire pour les trépassés.