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L’ŒUVRE.

Palle, piteux, mort et transi.
Elle m’a ce mal pourchassé,
Mais Dieu lui en fasse merci !

Les autres sont tous des plaisanteries, que l’on peut diviser en trois groupes. Beaucoup consistent à léguer telle ou telle enseigne de Paris, et l’humour résulte de l’appropriation de chaque legs à chaque légataire, appropriation qui naturellement nous échappe quelquefois : nous comprenons que le poète laisse au boucher Jean Trouve le Mouton, le Bœuf couronné et la Vache ; au Chevalier du guet le Heaume et aux archers qui font les rondes de nuit la Lanterne ; à l’épicier Jean de la Garde le Mortier d’or ; nous supposons que maître Pierre de Saint-Amant dut à son goût de l’équitation de recevoir à la fois le Cheval blanc, la Mule et Ane rayé, et que Guillaume Cotin et Thibaud de Vitry aimaient le jeu de boule, puisqu’ils héritent de la Crosse et en outre d’un « billard » (à peu près synonyme) ; et si maître Jacques Raguier reçoit non seulement « le trou de la Pomme de Pin  », mais encore l’abreuvoir Popin (ce n’est plus une enseigne), nous devinons que c’était un rude buveur, ce que nous confirme le Testament.

Ces facéties ont perdu de leur sel pour nous ; celles du second groupe sont plus neuves et nous amusent encore. Villon, qui s’est déjà arrogé le droit de distribuer à ses amis, comme étant son bien, les enseignes de sa bonne ville de Paris, répartit maintenant sa fortune personnelle, et il n’y regarde pas : à l’un il laisse cent francs « pris sur tous ses biens », mais, avec la prudence d’un homme pratique, il fait cette sage restriction :