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L'ŒUVRE.

broche, son foie, son poumon et sa rate à faire chorus pour remercier la cour du Parlement,

Mere des bons, et seur des benois anges,

à laquelle ils doivent tous la vie. Cette pièce, qui clôt l’œuvre de Villon, nous montre, avec la ballade en l’honneur d’Ambroise de Loré, qui l’ouvre, et les poésies sur la naissance de Marie d’Orléans, qui en forment le milieu, ce qu’il aurait sans doute produit si, comme le souhaitait pour lui Marot, « il eût été nourri en la cour des rois et des princes, où les jugemens s’amendent et les langages se polissent ». Heureusement cette veine fâcheuse n’est chez lui que bien exceptionnelle, et elle ne se fait sentir nulle part dans ses deux œuvres les plus originales et en même temps les seules qui aient quelque étendue : les Lais et le Testament.

Le caractère commun de ces deux œuvres, c’est d’être de la poésie personnelle, et cela dans un double sens : d’une part le poète lui-même en est le sujet, s’y met en scène, y expose non pas seulement ses sentiments généraux et la forme propre de sa sensibilité, mais les conditions particulières et telle ou telle circonstance de sa vie ; d’autre part, il introduit dans ses vers une foule d’autres personnes avec qui il entretient des relations de tous genres, et leur adresse soit des marques de respect et d’amitié, soit, et le plus souvent, des traits plaisants et satiriques. À ce double caractère s’ajoute le cadre employé par le poète, qui consiste à se représenter comme prêt à quitter ce monde et faisant des legs à ceux qu’il y a connus.