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L'ŒUVRE.

et nous avons passé en revue la bande d’ « enfants perdus » que le poète fait défiler dans les deux premières strophes, sinistre dans la première, joyeuse dans la seconde. La troisième strophe est plus faible, et l’Envoi est tout à fait mal venu.

Les deux ballades qui terminent le Testament en font également partie intégrante. Dans la première, conçue sous forme énumérative, mais fort vivement exécutée, le poète, censé près de mourir, demande merci à tout le monde, sauf aux « traîtres chiens mâtins » qui l’ont tenu à Meun en si dure prison Dans la seconde, il invite à son enterrement et revient, mais avec une grâce extrême, à la convention poétique d’après laquelle il ne fut exilé que « par ses amours » ; mais, dans l’Envoi, le « martyr d’amour « conclut ses lamentations par une cabriole :

Prince gai comme esmerillon,
Savez que fist au départir ?
Un trait beut de vin morillon[1],
Quant de ce monde vout[2] partir.

La prestigieuse ballade en l’honneur de feu Jean Cotart n’est pas, comme les précédentes, matériellement rattachée au texte du poème, mais elle a été composée en même temps, puisque le « procureur en cour d’Eglise » de Villon ne mourut qu’en 1461. Jamais le peintre n’a su dessiner avec plus de netteté, n’a employé de plus chaudes couleurs que dans cette pièce, digne des Flamands les plus réjouis, où 1 on voit le vieil ivrogne frappant à la porte du paradis et comptant pour y être reçu sur l’appui des

  1. Vin fait avec du raisin [morillon) noir.
  2. Voulut.