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FRANÇOIS VILLON.

l’énumération. Comme il arrive souvent, Villon, en voulant pousser à bout une idée qui lui avait réussi, l’a épuisée sans rien en tirer de nouveau ; il a même fait quelque tort à la pièce primitive, dont cette double imitation met en relief le « procédé » banal. Heureusement la postérité l’a détachée de ses suites et répète encore la ballade des Dames en oubliant parfaitement les deux autres.

Plus agréable est la « double ballade » contre les « folles amours », composée certainement pour être insérée dans le Testament, puisqu’elle commence par les mots Pour ce, qui se rapportent au vers précédent. C’est encore une énumération, à la mode du moyen âge, de tous les grands personnages qui ont été victimes de l’amour ; mais au lieu qu’elle soit solennelle et pédante elle est pleine de gaieté et d’humour, et on voit que le poète se moque lui-même de son sujet :

Folles amours font les gens bestes :
Salmon en idolatria ;
Samson en perdit ses lunettes :
Bien est heureux qui rien n’y a !


Et à la suite de toutes ces illustres victimes, Salomon, Samson, Orphée, « Sardana », David, Amnon, Hérode, le poète se fait apparaître lui-même et raconte sa piteuse aventure avec Catherine de Vausselles, aventure qu’il ne prend pas d’ailleurs au tragique. Toute la pièce est amusante et gaie.

Comme celle-ci, la ballade « à ceux de mauvaise vie » est rattachée par son début au vers précédent du texte et ne peut donc en être séparée. Nous en avons cité le refrain énergique :

Tout aux tavernes et aux filles,