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L'ŒUVRE.

science de tous les hommes est le champ clos et qui, dans le for intérieur où elle a lieu, prend invinciblement la forme d’un dialogue. Elle pourrait assurément avoir plus de profondeur et de pathétique qu’elle n’en a dans la pièce de Villon ; mais elle nous intéresse dans ses vers comme elle nous intéresse chaque fois qu’elle est représentée avec vérité. Quant à la ballade adressée par le prisonnier à ses amis, c’est un petit chef-d’œuvre d’esprit et de grâce et en même temps un charmant tableau de la société joyeuse et frivole à laquelle le poète se souvenait d’avoir appartenu.

Le Testament, nous l’avons vu, fut écrit vers la fin de 1461, après un court séjour à Paris. Villon y enchâssa seize ballades, dont les unes avaient été composées antérieurement (nous les avons passées en revue), dont les autres paraissent bien avoir été faites exprès pour être insérées là. De ce nombre est la ballade donnée comme suite à celle des Dames du temps jadis et appelée improprement des Seigneurs du temps jadis, car tandis que la première cite surtout des femmes appartenant à des époques fabuleuses ou reculées, la seconde ne mentionne que des personnages morts tout récemment, comme le roi Charles VII. Non content de cette première variation du thème qui l’avait si bien inspiré, Villon en a composé une seconde, la ballade « en vieil langage françois ». Celle-ci est tout à fait médiocre, et n’intéresse que par le curieux essai, manqué d’ailleurs, de faire un pastiche de l’ancienne langue. Celle des Seigneurs est également insignifiante et n’ajoute aucune note personnelle au genre traditionnel de