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L'ŒUVRE.

nent d’être mentionnées forment une partie relativement considérable de son bagage poétique, et ce n’en est pas la moins précieuse : c’est celle qui a peut-être le plus contribué à le rendre célèbre et qui, en tout cas, a le plus charmé les poètes modernes et qu’ils ont le plus imitée. Il n’est pas facile d’assigner à beaucoup de ces pièces une date qui ait quelque certitude. Villon en a réuni un certain nombre dans son Testament, et nous savons ainsi cruelles ont été composées avant la fin de 1461, mais on n’a là qu’un terminus ad quem que l’on voudrait préciser. Quelques-unes ont dû être faites en même temps que le Testament et pour y être insérées ; mais d’autres certainement étaient plus anciennes. Celles de Blois, celles de la prison de Meun, celles du procès final, sont datées assez rigoureusement. Je vais les passer toutes en revue dans l’ordre qui est assuré pour quelques-unes et qui me paraît probable pour les autres.

Je crois que plusieurs des plus belles ballades de Villon ont été composées avant son départ de Paris, par conséquent avant la fin de 1456. Telle est la ballade qu’il fît pour sa mère, évidemment quand il vivait encore près d’elle, et qui suffirait à montrer en lui le grand poète, malgré quelques expressions impropres ou hyperboliques. Tout le monde connaît la strophe charmante où il a exprimé — avec autant de candeur que Heine dans le Pèlerinage à Kevlaar — la piété naïve des humbles. Ce débauché cynique a su faire parler le cœur même de sa mère en lui mettant ses vers dans la bouche, et avec quelle joie, quelle ferveur, la pauvre femme a dû les réciter aux pieds de l’image de Notre-Dame !