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FRANÇOIS VILLON.

çois », il se contenta, comme l’ont fait certains pasticheurs plus modernes, d’ajouter des s à tous les noms au singulier, qu’ils fussent au sujet ou au régime, et pareillement de remplacer partout le par ly. Il n’avait donc certainement aucune familiarité avec cette grande littérature des xIIe et xIIIe siècles qui dormait déjà dans les manuscrits d’où la exhumée la curiosité de l’âge moderne. Un seul livre de ce temps, mais qui en marquait la fin, était resté bien vivant, grâce aux renouvellements de forme que lui avait valus son immense vogue : c’était le Roman de la Rose. Villon en était pénétré, et il connaissait aussi le Testament de Jean de Meun, qu’il embrouille, au début de son propre Testament, avec l’œuvre plus célèbre du même poète. Comme tous les auteurs du xIVe et xVe siècle, il a largement subi l’influence érudite, frondeuse, cynique et galante en même temps du fameux livre. Il a attaqué, à la suite de Jean de Meun, les moines mendiants et les femmes, il a raisonné sur l’influence des astres et le libre arbitre, sur la Fortune, sur l’inégalité des conditions, sur l’amour et sur bien d’autres choses, plus légèrement à coup sûr, comme il convenait à l’étendue et à la forme même de ses poèmes, mais de telle façon qu’on reconnaîtrait la marque du maître quand même son lointain disciple ne le nommerait pas. C’est à cette source que remonte en bonne partie le courant moral, si on peut l’appeler ainsi, qui forme un des affluents de son œuvre.

Des modernes il a connu Alain Chartier, qu’il nomme également et auquel il doit la forme extérieure de ses deux œuvres principales. Il lui doit