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LES TROIS LECTURES.

vrais, ces phrases à la Shakespeare qui, fort convenables au goût de son siècle, ont droit de révolter la délicatesse du nôtre. Amaury s’interrompt tout à coup… En vain il cherche un moyen de passer ou d’atténuer les endroits qu’il redoute, la marche de l’ouvrage s’y oppose ; en vain il s’exhorte au courage en se rappelant plusieurs scènes de ce genre applaudies au théâtre ; il sent qu’il ne pourra jamais surmonter l’embarras, disons mieux, le respect qui l’arrête ; et, préférant le ridicule attaché à un homme qui se trouve mal au milieu de sa lecture, au tort de blesser la pudeur et le bon goût des femmes parmi lesquelles se trouve Laurence, il s’excuse de ne pouvoir continuer.

En effet, la pâleur qui succède à son trouble prouve assez qu’il est souffrant. L’expression du plus vif intérêt, d’une douce pitié, se peint alors dans les yeux de Laurence ; on le presse de continuer. — « Ah ! n’insistez pas, dit-elle, avec un accent qui fait tressaillir Amaury ; voyez comme il a l’air de souffrir ! — Eh bien, lui répond madame de Ferville, qu’il cède sa place à Fernand, il connaît la pièce, et je suis sûre qu’il la lira aussi bien que l’auteur. À ces mots qui le font frissonner, Amaury se jette sur son manuscrit, comme une femme coupable sur la lettre qui doit la perdre, et, prétextant le besoin de res-