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LES TROIS LECTURES.

certait beaucoup les esprits routiniers, l’intérêt du sujet, le naturel, le piquant du dialogue, la poésie répandue sur toutes les descriptions, avaient ravi l’assemblée ; et, dans l’impatience d’apprendre ce qu’allaient devenir tant de personnages attachants, on ne laissa point Amaury mettre d’intervalle entre le troisième et le quatrième acte. Il fut obligé de continuer pour obéir aux émotions que son ouvrage faisait naître.

L’enthousiasme était à son comble ; dans le délire du succès il oublia la scène hardie qu’il avait ajoutée d’après les conseils de ses amis, et ce ne fut qu’au moment d’en dire les premiers vers qu’elle lui apparut dans toute sa nudité. Par un mouvement involontaire il leva les yeux sur Laurence ; la candeur répandue sur ce front pur, ce regard à-la-fois si tendre et si chaste, cet ensemble charmant d’une jeune personne belle, élégante, spirituelle, que l’habitude de vivre en bonne compagnie, et de causer avec les vieux amis de sa mère, rend confiante, et qui ne craint pas de montrer ses impressions, sûre de n’en éprouver que de nobles ; enfin, cet aspect imposant de la femme dont on adore l’innocence, intimide Amaury. Une rougeur subite colore son visage en pensant à celle qui couvrirait le beau front de Laurence en entendant cette scène indécente. Il sent expirer sur ses lèvres ces mots