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LES TROIS LECTURES.

gence, madame de Ramesay donnait à ses gens l’ordre de ne point interrompre la lecture, et de faire passer par une petite porte silencieuse les deux ou trois hommes importants que leurs graves occupations obligeaient ordinairement à venir, ou à paraître ne pouvoir venir qu’après tout le monde.

Tant de soins annonçaient une sorte d’intérêt bienveillant qui parut d’un heureux présage à l’auteur. Il avait entendu dire à un vieil amateur du théâtre qu’il n’était point de pièce ennuyeuse quand elle était bien écoutée ; et cet adage lui revenait à la pensée comme une assurance contre le revers. Et puis, Laurence était là, les yeux fixés sur lui comme toutes les autres, autorisée par la circonstance à ne regarder que lui toute la soirée, à ne s’occuper que de lui ! Quel bonheur enivrant ! et combien il s’augmenta des éloges accordés au premier acte. Être applaudi devant la femme qu’on aime, acquérir par son talent la considération des parents dont elle dépend, s’établir pour ainsi dire dans sa prétention par un succès, légitimer ainsi l’ambition de son amour, c’est de quoi perdre la tête.

Amaury s’enivra de cette joie céleste pendant les trois premiers actes de son ouvrage. Car, malgré quelques observations d’une critique bienveillante, et la nouveauté du genre qui décon-