Page:Paris, ou, Le livre des cent-et-un, IV.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
LES TROIS LECTURES.

Amaury, séduit par le naturel de leur conversation, et par cette curiosité flatteuse qui rend les gens du monde si affables, sentit son esprit à l’aise, et causa avec tant de supériorité, dit des mots piquants avec une nonchalance si gracieuse, qu’il prévint tous les convives en sa faveur.

— « Voilà déjà un public gagné, lui dit madame de Ramesay en sortant de table ; l’autre est moins difficile à conquérir.

— « C’est pourtant celui qui me fait le plus de peur, madame. Ah ! si Fernand ne m’avait assuré de votre bienveillance, je crois que je n’aurais pas le courage de vous ennuyer ce soir. Je me sens d’une timidité qui ressemble à un remords de conscience.

— « Bon, vous en triompherez ; d’ailleurs il n’y a plus à délibérer. Voici votre cabale qui arrive, et je vous en souhaite une pareille à votre première représentation. »

Alors madame de Ramesay, forcée de s’occuper des gens qui arrivaient, livra M. Prévannes à toutes les réflexions inquiétantes d’un auteur modeste. À chaque personne qu’on annonçait, Amaury croyait entendre le nom de madame de Norvel, et il frémissait de crainte et de joie. — « En vérité, disait-il à son ami, je tremble d’une manière étrange ; et s’il fallait choisir entre me battre avec tous ces gens-là, ou me livrer à eux