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LES TROIS LECTURES.

— « Il leur plaira, ma mère, j’en suis sûr ; je vais lui faire la leçon : beaucoup d’assurance, comme homme, beaucoup de modestie comme auteur. Un gilet charmant, une cravate bien mise ; de la docilité pour tous les avis, des regards pour toutes les femmes. Il aura un succès fou, et c’est à moi qu’il le devra ! Ah ! j’en serai charmé, car je médite un certain volume qu’il protégera à son tour. Il connaît tant de journalistes ! »

Et madame de Ramesay, fort zélée pour tout ce qui pouvait servir le jeune talent de son fils, consentit à fixer le jour de la lecture. Un grand nombre d’invitations partirent, et, le mardi suivant, l’élite de la bonne compagnie de Paris et plusieurs des princes de la littérature se trouvèrent rassemblés chez madame de Ramesay pour y prononcer sur la double destinée d’un poète et d’un amant.

Pour mieux encourager le jeune auteur, et l’acclimater au salon où sa voix devait retentir, madame de Ramesay l’avait engagé à dîner ce jour-là avec plusieurs hommes spirituels, qui fesaient le fond de sa société quotidienne. Classiques par éducation, mais vieux desservants de la mode en esprit comme en tout, ils étaient assez tolérants pour les innovations adoptées par elle, et s’érigeaient en protecteurs des jeunes hommes, pour en être protégés à leur tour.