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LES TROIS LECTURES.

M. de C… lui trouve de l’esprit et de très-bonnes manières ; son père était général, je crois ?…

— « Il l’est bien encore, répondit Fernand ; mais, comme il vit depuis quinze ans dans ses terres, on oublie qu’il existe. Ah ! si nous avions la guerre, on se souviendrait de lui.

— « Son fils aura de la fortune.

— « Une très-belle, mais à la mort de son père, seulement. Car le vieux soldat est si fier d’avoir conquis ses grades et sa fortune à la pointe de son épée, qu’il veut que son fils fasse, ainsi que lui, sa carrière tout seul ; et, partant de ce principe, il lui donne une pension misérable, qui le met dans la nécessité de faire des dettes. Et voilà comme la plupart des parents sont cause de la…

— « Faites-moi grâce de cette singulière morale, interrompit madame de Ramesay, et répondez tout bonnement à mes questions sur votre ami : j’ai cru m’apercevoir que Laurence rougissait lorsqu’on prononçait le nom d’Amaury ; vous l’avez vue, l’autre soir, elle était dans un trouble extrême pendant qu’on racontait la lecture qu’il avait faite dernièrement, et que chacun blâmait ou approuvait le parti qu’il avait pris de se faire auteur. Je ne sais si madame de Norvel s’est aperçue comme moi de l’émotion de sa fille, mais je suis depuis trop long-temps son amie pour ne pas