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LES TROIS LECTURES.

litique et les éclats de rire des gagnants, que le malheureux auteur continua et termina sa lecture.

Là finit son supplice ; car, le dernier vers prononcé, chacun s’empressa autour de lui pour le combler de politesses, de prévenances, de remercîments. On se montra aussi reconnaissant pour son procédé, aussi sensible à sa complaisance, qu’on avait été indifférent pour son ouvrage. Il fut l’objet des coquetteries les plus gracieuses ; et si les femmes, qui minaudaient pour lui avec tant de gentillesse, avaient bien voulu ne pas lui dire un mot de son drame, il en aurait eu la tête tournée ; mais malheureusement elles entremêlaient leurs propos flatteurs de lieux communs, d’ignorance prétentieuse, et tout le charme de leurs regards, de leur doux sourire, succombait sous le poids de ce langage assommant.

Au souper, Amaury fut placé entre la maîtresse de la maison et la jeune élégante dont l’arrivée tardive avait porté le coup mortel à sa lecture : elle était jolie, bavarde sans esprit, rieuse sans gaieté ; mais elle avait un vif désir de plaire, et il était impossible de ne pas être touché de la peine qu’elle prenait pour y réussir. Aussi Amaury ne conserva-t-il point la moindre rancune de la manière dont elle l’avait emporté sur lui dans cette soirée, bien qu’il se fût flatté d’en