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LES TROIS LECTURES.

plaisir qui menaçait l’assemblée, le fit frémir. Un cercle de fauteuils de velours entourait cet autel dramatique. À la richesse des ornements, au feu des lumières que répétaient les glaces, les cristaux, à tout ce luxe royal, Amaury se figurait Molière lisant chez Louis XIV, mais la nombreuse compagnie de M. Maubert vint prendre place, et l’illusion cessa même avant qu’il eût commencé sa lecture.

Au milieu de tant de jolies personnes, Amaury aurait voulu découvrir le visage noble et la taille élégante de mademoiselle de Norvel, mais plusieurs raisons lui en interdisaient l’espoir.

Pour cette fois, il n’eut pas à réclamer l’attention d’une foule de bavards spirituels, dont les idées abondantes se font jour à travers toutes les entraves ; un silence de plomb régna tout d’abord dans l’assemblée. Le grand cercle, banni des salons fashionables, se forma d’après le même ordre que sous l’empire : les jeunes femmes au premier rang, les vieilles au second, les hommes entassés par derrière, et regardant d’un air triste toute la place perdue au centre, et comme immolée à l’étiquette de tradition.

Le premier acte s’écoula comme un ruisseau paisible sur un terrain plat : nulle observation, encore moins d’exclamations ; les maîtres de la maison, tout occupés des invités qui leur man-